L’Afrique connaît une croissance fulgurante de son écosystème numérique. Étant donné que les TIC sont davantage intégrées dans tous les domaines de la vie, l’Afrique est inévitablement confrontée à des cybermenaces grandissantes où les acteurs malveillants continuent d’exploiter les vulnérabilités. Ces acteurs malveillants emploient des méthodes et des instruments de plus en plus sophistiqués pour accéder illégalement à des systèmes d’information, subtiliser, altérer ou encore détruire des données personnelles ou institutionnelles publiques ou privées. Dès lors, protéger ces systèmes et ces informations devient alors une priorité africaine.  C’est dans ce contexte qu’est né le Réseau Africain des Autorités de Cybersécurité (ANCA), une initiative panafricaine de la cybersécurité visant à unir les forces des pays africains.

La création de l’ANCA

L’ANCA a été lancé sous l’égide de Smart Africa, alliance regroupant plus de 30 pays africains autour de la transformation numérique. Son objectif fondateur est de mettre en réseau les autorités nationales de cybersécurité afin de favoriser la coopération, l’échange d’informations et l’harmonisation des politiques publiques. Pour garantir une confiance numérique, l’ANCA devra s’assurer qu’il dispose des cadres, outils, connaissances, ressources et capacités nécessaires afin non seulement d’éliminer les vulnérabilités des systèmes d’information existant, mais aussi d’assurer une veille des cybermenaces, de prévenir les actes de cybercriminalité par la mise en place d’une plateforme d’informations coordonnées et de proposer une harmonisation des cadres réglementaires y afférents. L’ANCA vise à guider les actions des Etats tout en proposant une vision panafricaine de la cybersécurité, y compris aux organismes des secteurs privé et public, tout comme aux institutions universitaires, à la société civile et à d’autres parties prenantes.  L’idée est de partager une vision panafricaniste de la cybersécurité avec l’identification des orientations stratégiques dont la mise en œuvre assurerait à l’Afrique un cyberspace de confiant, sécurisé et résilient.

Objectifs stratégiques

Les missions principales de l’ANCA s’articulent autour de quatre grands axes :

• Cadre légal et institutionnel commun
• Stratégie quinquennale 2025-2030
• Partage d’expertise et renforcement des capacités
• Harmonisation et diplomatie numérique

Réalisations

Depuis son lancement, l’ANCA a réalisé plusieurs avancées notables :

• Adoption d’une constitution et d’une stratégie quinquennale, posant les bases institutionnelles.
• Mise en place d’une gouvernance (présidence, vice-présidence) pour piloter les actions régionales.
• Regroupement d’autorités nationales et élargissement des adhésions à travers le continent.
• Lancement d’initiatives de reinforcement de capacités : sessions de formation, ateliers et exercices cyber.
• Projets collaboratifs visant la mise en place d’un CERT régional et la facilitation du partage de renseignements.

Actualités 2025

• Février 2025 (Rabat) : adoption de la Constitution et de la stratégie quinquennale.
• Votes : 17 pays sur 21 pour la Constitution ; 16 sur 21 pour la stratégie.
• Septembre 2025 : réélection du Ghana à la présidence, le Maroc conserve la vice-présidence. De nouveaux membres rejoignent le réseau, dont les Comores via l’ANADEN. Les discussions ont porté sur l’intelligence artificielle, la cyberdiplomatie et la protection des infrastructures critiques.

Rencontre et Participation du Directeur général de la DCSSI

En marge des travaux de l’ANCA, le Directeur général de la DCSSI (Direction du Chiffre et de la Sécurité des Systèmes d’Information) du Sénégal a eu plusieurs échanges stratégiques avec ses homologues africains, notamment ceux du Ghana, du Maroc, du Bénin et du Rwanda.
Ces discussions ont porté sur des thématiques essentielles telles que :

• Le renforcement des capacités en cybersécurité,
• La protection des infrastructures critiques,
• La coopération en matière de cyberdiplomatie.

Ces rencontres bilatérales ouvrent la voie à de futures collaborations techniques et opérationnelles, notamment dans les domaines de la formation spécialisée, du partage d’alertes et de la mise en place de mécanismes conjoints de réponse aux cyberattaques.

Gouvernance de l’ANCA

• Président : Ghana (réélu en septembre 2025)
• Vice-président : Maroc (DGSSI)
• Secrétariat technique : Smart Africa
• Mandats : 2 ans, renouvelables

Membres de l’ANCA

L’ANCA compte actuellement 17 pays membres, parmi lesquels : Ghana, Maroc, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Congo, Djibouti, Gabon, Guinée, Kenya, Mozambique, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Togo, Tunisie, Comores.

Défis et enjeux

• Financement durable des activités
• Inclusion des pays aux capacités limitées
• Harmonisation des lois et cadres réglementaires
• Anticipation des nouvelles menaces : IA, IoT, cloud, 5G
• Encourager l’implication du secteur privé et de la société civile pour une approche inclusive

Perspectives

L’ANCA ambitionne de devenir l’organe de référence pour la cybersécurité en Afrique. Avec une Constitution adoptée et une stratégie quinquennale claire, le réseau dispose désormais de bases solides. Les prochaines étapes incluent la mise en place d’un mécanisme opérationnel d’alerte et de réponse, le déploiement de formations massives, et l’intégration progressive de tous les pays africains.

Conclusion

En unifiant leurs forces au sein de l’ANCA, les États africains montrent leur volonté de ne plus subir passivement les cybermenaces, mais d’y répondre ensemble. Le succès du réseau dépendra de sa capacité à transformer ses ambitions en actions concrètes et à offrir aux citoyens africains une confiance accrue dans le numérique, moteur du développement de demain.

En effet, une mise en œuvre effective de la stratégie améliorera le niveau de maturité des pays membres en termes de cybersécurité, grâce non seulement à une meilleure compréhension et à une meilleure gestion des vulnérabilités, des menaces, des risques et des incidents liés au cyberespace, mais aussi à la croissance du secteur de la cybersécurité avec une expertise et des produits régionaux hautement compétitifs.